CATALOGUE. Le catalogue des plantes des environs de Marseille, que j'offre aujourd'hui au public, est le fruit de plusieurs années de recherches. J'ai étudié la botanique dans cette localité, et mes fréquentes herborisations m'ont fait connaître la végétation des divers points du territoire de cette ville; j'ai pensé qu'il serait utile de posséder la liste des plantes qui s'y rencontrent, disposée méthodiquement, soit pour faciliter les recherches des personnes qui étudient la botanique, et des voyageurs qui visitent cette contrée, soit dans l'intérêt de la science ellemême, en concourant à perfectionner les travaux qui doivent compléter la Flore de la France, rattacher ces travaux à la géographie botanique et constater dans une localité restreinte l'existence des espèces végétales qui pourront être un jour controversées; les catalogues d'un petit territoire serviront aussi plus tard à fixer nos idées sur l'immutabilité des caractères de l'espèce, et sur les perturbations que ces caractères peuvent éprouver. Par le territoire de Marseille, j'entends l'étendue comprise dans la ligne tracée depuis les îles de Riou et de Maïre au cap Croisette, s'élevant vers Saint-Michel-d'eau-douce sur la crête des hauteurs de Marseille-Veïre, de la tête de Pujet, le col de la Gineste, la tête de Carpiagne, le sommet de Saint-Cyr, puis les collines qui rattachent cette sommité à Saint-Tronc, celles qui viennent à la suite, afin de traverser après SaintMarcel la grande route de Toulon, pour s'élever sur Garlaban et suivre les hauteurs d'Allauch, de Notre-Dame-des-Anges, du. Pilon du Roi, de l'Etoile, les collines de Septémes, arriver aux moulins de Vento et gagner les élévations qui couronnent le vallon de la Nerte et de l'Estac, pour descendre à la mer avant Cari. Les iles du golfe sont comprises dans cette étendue. Cet espace a, en quelque façon, Marseille pour centre; si l'on s'étend au delà, l'on cesse de se circonscrire dans un bassin naturel, et ce bassin, dont la délimitation est aisée, peut facilement être parcouru depuis la ville dans deux heures, au plus, de marche l'on peut se porter aux points les plus éloignés de cette circonscription. J'ai suivi pour la disposition méthodique des espèces le Prodromus de M. de Candolle, la famille des Ericacées comprise; et depuis cette famille, le Botanicon-Gallicum de M. Duby: la famile des Algues m'a paru devoir être exceptée et j'aï adopté un arrangement que je dois à mon ami, M. le capitaine Solier. Je n'ai point fait suivre l'indication des espèces par une phrase botanique, parce que celui qui herborise muni du Botanicon-Gallicum, ouvrage le plus récent et le plus complet pour étudier les plantes de France, non-seulement trouvera la phrase de l'espèce qu'il a sous les yeux, mais pourra la comparer aux phrases de ses congénères; je ne me suis écarté de cette règle que pour les espèces non mentionnées dans le Botanicon-Gallicum, dont le nombre, dans les phanérogames seulement, est plus étendu qu'on ne pourrait s'y attendre, dans une localité si restreinte. La Cryptogamie de nos pays a été jusqu'ici peu étudiée; je n'ai pu refondre entièrement cette partie et présenter toutes ses différences avec la Flore centrale et celle du nord de la France; ce travail est long et il est nécessaire d'amasser de nombreux matériaux pour le résumer; mais en suivant les grandes coupes de M. Duby, je propose, dans les Hypoxylons, pour le genre Sphaeria, une division plus naturelle et mieux tranchée que celle adoptée par Friès; les caractères que j'emploie, pour mes subdivisions, sont pris plus près des organes de la reproduction: au reste le savant auteur que je cite, ne s'est pas dissimulé l'importance de ces caractères; il indique la sporange et quelquefois la sporule, dans ses grandes divisions; et en décrivant, les Sphaeria Porphyrostoma et Fur; deux espèces exotiques, il énumère les cloisons des sporules. L'importance des cloisons, et l'absence de la sporange, suivant les caractères que j'ai adoptés, ne seront peut-être pas à l'abri de toute controverse; mais leur étude donnera plus de fixité et plus de clarté aux genres que l'on pourra former dans cet amas de productions mal déterminées que renferme actuellement le genre Sphaeria, seulement j'engage les observateurs, qui se livreront à ces recherches, à ne pas toujours conclure sur l'étude d'échantillons secs ou sur l'analogie. Un même travail est offert, dans les Lycoperdacées, sur le genre Erysiphe (Erysibe, Link) déjà si bien caractérisé; les caractères que Link assigne à ses grandes divisions ne me paraissent que secondaires, et je pense même que l'absence ou la présence du capillitium n'est pas d'une absolue fixité. Friès aussi offre des subdivisions peu constantes et dans lesquelles les caractères les plus sùrs sont subordonnés à des caractères moins importants. Je n'ai rien changé à la distribution des Urédinées suivant le Botanicon-Gallicum. Les subdivisions des Uredo, y paraissent plus rationnelles, quoiqu'un peu vagues, que les subdivisions adoptées par Link, pour son genre Caoma; car il ne faut pas oublier que l'utilité d'une coupe factice ne repose que sur l'agglomération d'un certain nombre d'espèces. Les genres nouveaux que j'ai formés dans cet ordre, sont complètement distincts de ce qui a été décrit jusqu'ici, et ils témoignent combien il y a de différence entre la végétation du nord et celle du midi de la France, pour la Cryptogamie. Enfin je dois à mon ami, M. le capitaine Solier le catalogue des Thalassiophytes de Marseille et des espèces nouvelles qu'il renferme ; le genre Monosporus qu'il propose est tout à fait séparé du Callithamnium de Lyngby; Agardh avait pressenti cette différence; j'ai joint à ce catalogue nos algues d'eau douce. Mon travail ne peut être complet; l'étude de la nature est un champ inépuisable; mais Marseille n'avait point de catalogue de la végétation de son territoire; elle réclamait cet hommage de l'un de ses enfants; le catalogue de Forskaël n'est qu'une note, la statistique de M. de Villeneuve ne marque pas d'habitat; les botanistes qui voudront faire des additions à mon catalogue apporteront peu à peu à ce petit ouvrage, le perfectionnement que le temps seul peut lui donner et je me féliciterai, si non d'avoir mieux fait qu'eux tous, au moins d'avoir pris l'initiative. Je dois marquer ici ma vive et affectueuse reconnaissance à M. le capitaine Solier et à M. Requien, d'Avignon, mes bons et anciens amis, dont les conseils éclairés ont facilité mes travaux. Vous qui vous livrez à l'étude de cette belle partie de l'histoire naturelle, constatez par vos recherches l'existence d'autres végétaux sur ce sol fécond et souvent exploré. Bauhin, Tournefort, Adanson, de Candolle, ont herborisé sur nos rochers arides, sur nos plages sablonneuses et d'âge en åge d'autres plantes se sont manifestées aux patients travaux des botanistes qui sont venus après ; des trésors ignorés existent sans doute encore et n'attendent, pour être connus, que les nouveaux efforts de ceux qu'inspire l'amour de ces nobles recherches. Montaud-les-Miramas, le 11 novembre 1844. 1. PLANTES VASCULAIRES CLASSE PREMIÈRE. PLANTES DICOTYLÉDONÉES. SOUS-CLASSE PREMIÈRE. THALAMIFLORES. Renonculacées. TRIBU I. CLEMATIDÉES. Clematis. (DC ). C. Flammula. (Lin. sp. 766). Dans les lieux incultes et pierreux; fl. en juin 4. C. Maritima. (DC. fl. fr. 5 p. 562). Dans les terrains sablonneux de Mazargue et de Montredon; fl. en juin 4. C. Vitalba. (Lin, sp. 766). Dans les haies; fl. en juillet 5. TRIBU II. ANÉMONÉES. Thalictrum (Lin. ) T. Pubescens. (Schl. in. DC. fl. fr. 5 p. 633 ). Au sommet de la tête de Carpiagne; fl. en mai 2. T. Flavum. (Lin. sp. 770). Les prés de Montferrond; fl. en juillet 2. |